Traditions du 1er mai en Irlande
En Irlande, le premier mai et sa veille, du coucher du soleil à midi, étaient, dit-on, marqués par une activité intense des puissances surnaturelles. Les portes de l’autre monde s’ouvraient sur une période hors du temps et le peuple des « fairies », génies redoutables et menaçants, faisait irruption dans l’espace terrestre. A la veille de cette longue nuit de mai, toutes les précautions étaient prises pour faire obstacle à ces puissances occultes. Afin de mettre la maison et ses dépendances à l’abri, on constituait une sorte de rempart
infranchissable à l’aide de végétaux.
Selon les régions ou les familles, les protections étaient diverses.
Tout d’abord, on utilisait des fleurs : primevères, genêt, boutons d’or, soucis, ajoncs. Elles étaient cueillies par les enfants avant le crépuscule ou même le premier mai, avant l’aube. Ils en faisaient des bouquets qu’ils suspendaient dans la maison ou posaient sur les escaliers extérieurs et sur le rebord des fenêtres. Parfois ils en parsemaient le seuil et le sol des demeures et des étables. Ils en mettaient encore sur les toits, autour des puits et sur le passage menant à ces différents points stratégiques. Chevaux et vaches avaient aussi, les uns, leurs brides et les autres leurs cornes ou leur queue également fleuries.
Dans les vallées d’Antrim, on écrasait des fleurs d’aubépine ou de boutons d’or pour en faire un jus avec lequel on frottait le pis des vaches.
Dans d’autres secteurs, c’était un arbuste. Il était généralement coupé la veille du grand soir, plutôt par les adultes, et planté devant les habitations. Le plus souvent, buisson d’aubépine, on le décorait de fleurs sauvages, de rubans et de coquilles d’oeufs colorées conservées depuis Pâques. Certains fermiers du comté de Cork l’entouraient de cordes sur lesquelles on tirait comme sur le pis d’une vache. Cette mimique était sensée donner à l’étable un bon rendement de lait. L’arbre était généralement maintenu en place pendant tout le mois de mai puis jeté ou plutôt brûlé.
En certains lieux, on le maintenait jusque disparition des décorations sous l’effet des éléments.
Ailleurs encore, on se contentait d’un rameau. Il était cueilli le matin du premier mai, de préférence avant le lever du soleil. Différentes essences faisaient l’affaire : rameaux de houx, d’aubépine, d’épine noire, de noisetier, de sureau, de frêne, de bouleau, de sycomore ou de sorbier. Ils devaient être couverts de feuilles naissantes symbolisant la renaissance de la nature et la vitalité du printemps. On les plaçait dans la cuisine, sur le vaisselier mais aussi comme les fleurs, sur le seuil des portes ou des fenêtres ou encore sur les toits. Ils trouvaient même place dans la cour de la ferme ou dans les champs. On les laissait à leur place toute l’année.
En plaçant ainsi ces végétaux dans et autour de la ferme, on espérait préserver ses chances d’obtenir pour l’année à venir une bonne production laitière et de bonnes récoltes. Le vert des feuillages et le jaune et blanc des fleurs indiquaient clairement la relation entre le renouveau de la nature, les cultures et la production laitière.
DG