Evned hom liorzhoù
Les oiseaux de nos jardins
On entend souvent les jardiniers se plaindre des dégâts provoqués dans leurs jardins par les limaces, les escargots et autres bestioles du genre. Pour s’en débarrasser, certains ont recours à des pesticides onéreux et dangereux que la commission sanitaire de jardin passion n’approuverait pas. Alors, pourquoi ne pas plutôt faire appel à ceux qui en cette période printanière nous offrent gratuitement de merveilleux concerts ? Je veux parler des oiseaux.
Voici ce que nous révèle le merle trégorrois à la sortie de l’hiver. Perché au sommet d’un peuplier, il claironne sa joie de faire à nouveau bombance après avoir claqué du bec :
Pevar miz hanter on bet
Na gaven buzhugenn ebet
Hini ebet, hini ebet
Bremañ e kavan
Pezh a garan
Buzugeier, buzugigoù,
O, Ya, ken gross ha ma morzhedigoù.
J’ai été quatre mois et demi,
Je ne trouvais aucun ver de terre
Pas un seul, pas un seul
Maintenant j’en trouve
Autant que j’en veux
Des gros, des gras
Oh oui, aussi gros que mes petites cuisses.
En effet, on peut compter sur l’oiseau au bec jaune et ses congénères pour éliminer des milliers de pucerons, de limaces et de limaçons qui font tant souffrir nos plantations. Ils font tous les jours des ventrées de ces parasites.
En ce moment même où leurs petits sont encore dans leurs nids, on les voit faire sans cesse des aller et retour, le bec chargé de vers et de moucherons. Et une fois les oisillons envolés, ils continuent à se gaver le jabot de ces bébêtes qui font de la dentelle avec nos salades.
Prenons une dizaine de passereaux. Mettons que chacun mange 100 vers par jours, et ce n’est pas trop, voilà en une journée, mille bestioles de moins ; en un mois 30 000 et en
un an, près de 400 000 ! S’il existait des ouvriers pour faire un tel travail, on en chercherait et on les paierait bien. De tels ouvriers zélés (z’ailés) existent, ce sont les oiseaux. Ils travaillent gratuitement, du matin au soir. Ils ne demandent pour seul salaire qu’un petit droit à goûter aux fruits dont ils assurent en partie la protection. Pour cette raison, on ne saurait trop conseiller aux membres de Jardin passion, d’avoir pour eux les plus grandes attentions.
Des petites miettes et de la matière grasse en hiver, un nichoir au printemps et un petit accroc dans le filet qui recouvre le carré de fraises. Voilà de quoi clouer le bec aux amateurs de pesticides !
DG