Le nid du merle
Parmi les ténors de nos bois et jardins, le merle n’est pas loin d’occuper la plus haute branche.
C’est tout d’abord un improvisateur de haute volée, un virtuose lorsque l’amour l’inspire à qui l’on reconnaît plus de cent partitions différentes. C’est aussi un imitateur de grand talent. Il se fait fort de reproduire le chant des autres oiseaux mais il sait aussi imiter celui des hommes. Dès que la lumière du jour se fait plus longue, la température plus douce, on le voit se lancer à tire d’ailes à la poursuite de la merlette effarouchée qui zigzague dans les taillis en poussant de petits cris. Puis, passée cette première étape, le couple se met à l’ouvrage et dès février, le nid est bientôt garni de quatre ou cinq oeufs verdâtres mouchetés de brun.
Ainsi dit-on en Haute Bretagne :
Bon merle terrieu (nid dans les ronces sur les talus)
Niche terjou (toujours) en févrieu (février)
Mais attention, l’hiver n’est pas fini. Il connaît à ce moment quelques soubresauts et gare à ces impatientes qui se sont mises trop tôt à couver :
C’hwevrerig, c’hwezh, c’hwezh,
Lac’h ar voualc’h war he neizh.
Petit mois de février souffle si fort
Qu’il tue le merle sur le nid.
Avant de séduire sa belle, le merle siffleur aurait été bien inspiré de regarder le ciel à la Chandeleur car, comme disaient les anciens, c’est là que tout se décide :
A la chandeleur,
L’hiver se meurt
Ou reprend vigueur.
Chandeleur claire
Laisse un hiver derrière
Chandeleur noire
L’hiver fait son devoir. (C’est-à-dire qu’il s’en va)
DG